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Crise des opioïdes : Ottawa demande un plan d’action et plus de fonds au fédéral

Une femme tient une seringue.

À Ottawa, 218 décès susceptibles d’être liés aux opioïdes sont survenus en 2020 (archives).

Photo : Getty Images / urbazon

Radio-Canada

Le conseil municipal d’Ottawa demande au gouvernement fédéral de l’aide pour lutter contre la crise des opioïdes.

Les élus d’Ottawa ont apporté quelques changements à une motion initialement adoptée, il y a deux semaines, à l’initiative du conseiller du quartier Kitchissippi, Jeff Leiper.

Déjà à l’origine de la première motion, ce dernier estime que la façon actuelle d’aborder la crise des opioïdes est inefficace. Raison pour laquelle il a proposé d’apporter quelques changements à son texte.

De vocabulaire, tout d’abord, puisqu’on y parle désormais de décriminalisation de l’usage de ces substances, plutôt que de décriminalisation des personnes droguées. Un changement qui permet, selon M. Leiper, de dresser un meilleur portrait du problème et donc de mieux y répondre.

Jeff Leiper en entrevue à Radio-Canada.

Le conseiller du quartier Kitchissippi, Jeff Leiper (archives)

Photo : Radio-Canada

Mais plus concrètement, le conseil municipal, en adoptant de nouveau cette motion, demande au maire, Jim Watson, d’écrire au gouvernement fédéral pour lui demander de déclarer la crise de surdoses une urgence de santé publique nationale, afin qu’elle soit prise au sérieux et qu’un financement adéquat soit consacré à ce dossier.

Le conseil souhaite également que le gouvernement fédéral entame une consultation à l’échelle du pays dans tous les territoires et provinces pour élaborer un plan d’action pancanadien, comprenant une gamme complète de soutiens, allant de programme de prévention à un accès accru à des services de réduction des méfaits et de traitement, en passant par des programmes de réduction de la stigmatisation dont sont victimes les personnes toxicomanes.

Une urgence de santé publique

Car pour le conseiller Leiper, la crise des opioïdes est l’une des plus importantes urgences de santé publique.

Selon les chiffres cités dans sa motion, elle a fait, en moyenne, entre janvier 2016 et décembre 2020, un décès toutes les deux heures, pour un total de 21 174 victimes au cours des cinq dernières années au Canada.

À Ottawa, 218 décès susceptibles d’être liés aux opioïdes sont survenus en 2020, soit une augmentation de 75 % par rapport à l’année précédente, note le conseiller municipal.

Offrir plus de services

En Outaouais, Yves Séguin, le directeur général du Centre d’intervention et de prévention en toxicomanie de l’Outaouais (CIPTO), un organisme qui travaille à la réduction des méfaits liés aux drogues, ne possède pas de chiffres précis sur la crise des opioïdes.

Mais il estime qu’il y a eu une augmentation des décès liés aux surdoses, dans les deux dernières années.

Mais ce qu’on voit, c’est que ce n’est pas uniquement lié aux opioïdes. C’est une des différences, je crois, entre Gatineau et Ottawa même si on est très proches. Il y a quand même une différence dans les substances disponibles et vendues dans la rue, dit-il.

M. Séguin applaudit toutefois le cri d’appel lancé depuis l’hôtel de Ville d’Ottawa.

Le gouvernement fédéral, du bout des lèvres, a dit qu’il y avait une crise au niveau des surdoses, surtout d'opioïdes. [...] Mais il n’y a pas de plan très concret au niveau national, un plan d’action avec beaucoup d’investissements de faits, comparativement à ce qui se fait du côté québécois, où il y a un plan qui est très clair, ajoute-t-il.

Davantage d’investissements pourraient faire une grande différence, poursuit-il.

Si le fédéral investissait beaucoup de fonds, on pourrait facilement développer des projets de prévention sur le terrain, par exemple avoir plus de travailleurs de rue, avoir accès à des lieux où les gens peuvent consommer de façon plus sécuritaire. Nous en avons un, ici à Gatineau [...] mais il n’y a pas de financement fédéral qui va avec et un site de prévention des surdoses, ce n’est pas assez, pour une ville étendue comme Gatineau, précise M. Séguin.

Ça prend du temps et parfois, c’est au péril de la vie de certaines personnes.

Une citation de Yves Séguin, directeur général du CIPTO

Pour M. Séguin, il est temps que le fédéral accélère dans ce dossier.

On agit déjà, mais je pense qu’il faut intensifier les actions, note-t-il, que ce soit les demandes des organismes de terrain ou des organisations de défense des droits des personnes qui consomment, c’est d’y répondre plus rapidement, d'investir plus d’argent et d’avoir une collaboration avec les provinces, ce qui n’est jamais simple.

La décriminalisation, oui, mais pas seulement

La décriminalisation est aussi une piste. Les maires des grandes villes de l’Ontario ont demandé au gouvernement fédéral, en juin dernier, de décriminaliser les substances contrôlées.

L’an dernier, l’Association canadienne des chefs de police a appelé à la décriminalisation de la possession simple de drogues illégales, reconnaissant que l’usage et la dépendance aux drogues sont des enjeux de santé publique.

En février, le gouvernement fédéral a annoncé son intention d’assouplir le Code criminel en ce qui concerne la possession de drogue. Le projet de loi en ce sens, qui est toujours à l’étude, ne prévoit toutefois pas la décriminalisation, mais plutôt l’abrogation de certaines peines minimales pour éviter l'emprisonnement automatique de certains toxicomanes.

Un homme qui parle au micro

Le directeur général du Centre d’intervention et de prévention en toxicomanie de l’Outaouais, Yves Séguin (archives)

Photo : Radio-Canada

Mais la décriminalisation n’est pas la seule solution, selon M. Séguin.

C’est un pas en avant. [...] On ne voit plus la consommation comme une question de sécurité publique, mais davantage de santé publique. [...] Mais par contre, ça ne dit rien sur la qualité ou la dangerosité des produits qu’ils vont consommer. S’ils continuent à consommer des produits contaminés avec du fentanyl, par exemple [...] le risque de surdoses demeure, argumente le directeur général du CIPTO, plaidant pour un accès médical à des substances dont on pourrait ainsi connaître la composition.

La motion du conseil municipal d’Ottawa réclame d’ailleurs aussi au fédéral un approvisionnement sûr de médicaments qui remplacent les drogues illicites toxiques, ce qui décriminaliserait de facto l’usage personnel.

Avec les informations de Nafi Alibert

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