Chasse et pêche : l'ex-ministre Yves Duhaime appelle à protéger l'accès au territoire
La zec Kipawa, au Témiscamingue (archives)
Photo : Radio-Canada / Guillaume Rivest
Prenez note que cet article publié en 2021 pourrait contenir des informations qui ne sont plus à jour.
L'ancien ministre Yves Duhaime, reconnu comme le père des zecs (zones d'exploitation contrôlée), met en garde le gouvernement Legault contre le retour des clubs privés de chasse et de pêche.
La Fédération des zecs a indiqué récemment que quelques zecs sont redevenues presque des clubs privés au fil du temps, faute d'une saine gouvernance
. Il existerait même des pourvoiries illégales.
Dans certaines zecs, il y a des assemblées noyautées pour ne pas diversifier les activités, des tarifs prohibitifs pour limiter l'accès aux terrains de camping, ou encore, des propriétaires de chalets qui profitent de la bulle immobilière et qui ne veulent pas que leur
lac soit fréquenté, selon des renseignements et des courriels obtenus par La Presse canadienne.
Ministre du gouvernement péquiste de René Lévesque, Yves Duhaime s'inquiète de cette tendance. Ça m'a un peu chagriné
, a-t-il confié.
Déclubber
le Québec : une révolution
C'est lui qui a déclubbé
le Québec, selon l'expression de l'époque, c'est-à-dire qu'il a mis fin à plus de 1200 clubs privés qui restreignaient l'accès au territoire québécois. Pour les remplacer : la zec, un territoire géré par la communauté des usagers.
Ça a été une vraie révolution. Une très grande partie des clubs appartenaient à de riches Américains
, rappelle M. Duhaime, en reformulant le constat qu'il avait tiré à l'époque : Ce territoire qui fait trois fois la Belgique appartient à notre peuple et il n'y a pas accès.
Le ministre des Forêts, de la Faune et des Parcs, Pierre Dufour, doit agir pour freiner la tendance, selon M. Duhaime. Et il peut agir, car ceux qui gèrent les zecs ont des pouvoirs délégués par le gouvernement et des obligations. S'ils ne les respectent pas, le ministre peut intervenir et révoquer les pouvoirs délégués.
Garantir l'accessibilité
L'objectif premier, l'obligation première des opérateurs de zecs est de garantir l'accessibilité à qui veut devenir membre contre paiement de sa cotisation.
Si la cotisation devient un tarif prohibitif, ça veut dire que la zec devient un club privé, et ils ne peuvent pas faire ça. On appelle ça "clubber" par en haut.
La Fédération des zecs déplore que certains de ses membres fassent à leur guise et refusent d'être ramenés à l'ordre. On nous envoie promener
, a fait savoir le président de la fédération, Jacques Smith.
Il témoignait récemment en commission parlementaire dans le cadre de l'étude du projet de loi 88 sur la mise en valeur et la conservation de la faune, qui touche justement la gestion des territoires. La fédération réclame plus de mordant dans le projet de loi pour obtenir davantage qu'un rôle-conseil.
Ne pas revenir en arrière
Le Parti québécois s'est lui aussi insurgé contre le retour des clubs privés.
On est en train de revenir comme en 1883, de briser le « deal » de 1977 qui permet l'accès à la faune de façon démocratique à tous les Québécois.
M. Duhaime se rappelle les injustices d'autrefois et se souvient de son voisin, qui était guide de pêche. Il ne faut surtout pas revenir en arrière, insiste-t-il.
Ça n'avait aucun maudit bon sens. Ceux qui avaient le fric, ils allaient à la pêche, puis les Québécois, qui n'avaient pas la fortune, faisaient la cuisine, lavaient la vaisselle, s'occupaient des camps, portageaient les canots, arrangeaient la truite. On était loin du loisir de chasser et de pêcher.