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Adrien Hébert (1890-1967): le grand peintre de Montréal

Portrait d’Adrien Hébert, vers 1940. Un accident lui fait perdre son œil gauche en 1938. Mais cela ne l’empêche pas de poursuivre sa carrière de peintre.
Portrait d’Adrien Hébert, vers 1940. Un accident lui fait perdre son œil gauche en 1938. Mais cela ne l’empêche pas de poursuivre sa carrière de peintre. © MNBAQ, Fonds de la famille Hébert, Henri Paul (photographe), Épreuve à la gélatine argentique, 25 x 19,8 cm. cote : P10.S21.DC.P92.


1- Devenir un peintre libre

Né le 12 avril 1890 lors d’un séjour de la famille à Paris, Adrien Hébert passe son enfance entre la France et le Québec. Son père, Louis-Philippe Hébert, est un sculpteur renommé. Si son frère, Henri Hébert, suit les traces de leur père, Adrien Hébert choisit plutôt la peinture. Au début du XXe siècle, il se forme au Conseil des arts et manufactures de Montréal et à la Art Association of Montreal. D’un style décoratif s’approchant du post-impressionnisme, ses scènes bucoliques ou mythologiques et ses quelques portraits bien exécutés lui permettent de participer à plusieurs expositions. Lors de ses séjours en France, il se familiarise avec le travail d’artistes comme Paul Cézanne. Influencé par les vues progressistes de la revue Le Nigog, il considère qu’un artiste doit pouvoir choisir librement le sujet de ses œuvres. Au milieu des années 1920, il abandonne les thèmes plus traditionnels pour peindre sur son sujet de prédilection : le Montréal moderne.

2- La ville comme synonyme de progrès

Portrait d’Adrien Hébert, vers 1940. Un accident lui fait perdre son œil gauche en 1938. Mais cela ne l’empêche pas de poursuivre sa carrière de peintre.
Adrien Hébert (1890-1967), Rue Sainte-Catherine, 1926, huile sur toile, 81,5 x 102,2 cm, Musée des beaux-arts de Montréal. Photo MBAM, Christine Guest.

« La rue Sainte-Catherine : c’est Montréal en miniature », écrit Charles William Stokes dans Voir Montréal, en 1924. Voilà une phrase qui décrit bien plusieurs œuvres d’Adrien Hébert. Sur sa toile Rue Sainte-Catherine, l’activité frénétique de la ville se révèle, avec en arrière-plan le magasin Ed. Archambault, alors au coin Saint-Denis, en 1926. La foule déferlant à proximité de l’iconique débit de tabac Hyman, coin Sainte-Catherine O. et De Bleury, en 1937, dépeint une scène hivernale typique de cette artère. Ces sujets rebutent la plupart des contemporains d’Adrien Hébert, plus enclins à admirer le calme de la nature où réside, selon eux, l’âme véritable de la nation canadienne-française. Unique, l’œuvre d’Adrien Hébert dépeint Montréal en ce qu’elle a de plus moderne : ses immenses silos à grain, son port, ses parcs et ses rues grouillantes d’activités. Jusqu’à sa mort en 1967, Montréal est pour Adrien Hébert une ville où tout est possible.

3- Un héritage vibrant de réalisme

Portrait d’Adrien Hébert, vers 1940. Un accident lui fait perdre son œil gauche en 1938. Mais cela ne l’empêche pas de poursuivre sa carrière de peintre.
Adrien Hébert (1890 – 1967), Le débit de tabac Hyman, 1937, huile sur toile, 81,3 x 100,9 cm, Musée des beaux-arts de Montréal, achat, legs Horsley et Annie Townsend. Photo MBAM, Brian Merrett.

De son vivant, Adrien Hébert reçoit un bel accueil du public, reflété par de nombreux articles célébrant son œuvre. Toutefois, dès les années 1940, l’intérêt pour les artistes plus figuratifs décline. L’arrivée des automatistes ainsi que le retour d’Alfred Pellan au Québec chamboulent la scène artistique de l’après-guerre. Dans les décennies 1970-1980, les spécialistes de l’histoire de l’art Jean-René Ostiguy et Esther Trépanier redécouvrent les scènes urbaines d’Adrien Hébert. Alors que Marc-Aurèle Fortin montre la cité vue de l’extérieur, entourée par la nature, d’autres artistes, comme Louis Muhlstock, dépeignent la misère qui règne dans la métropole durant la Grande Dépression. Adrien Hébert, lui, plonge au cœur de Montréal et révèle sa vitalité. À une époque où la ville est un thème encore marginal, il montre que la vie urbaine a aussi ses lettres de noblesse. Grand peintre du XXe siècle, Adrien Hébert est un ardent défenseur de la modernité et de la liberté de l’artiste à représenter ce qui lui tient à cœur.

– Recherche et rédaction par l’historienne Maude Bouchard-Dupont

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