La Loi sur les espèces menacées ou vulnérables du Québec n’a pas le mordant nécessaire pour empêcher le déclin, voire la disparition de populations fauniques fragilisées par les pressions de l’activité humaine, selon les biologistes experts en espèces menacées consultés par Le Journal.
Au cours des 30 dernières années, Ottawa et Québec ont adopté des lois visant à protéger la faune et la flore dont la survie est en danger.
Marco Festa-Bianchet Biologiste
Québec l’a fait en 1989 et Ottawa, en 2002, avec sa Loi sur les espèces en péril. Dans les deux cas, on fait appel aux scientifiques pour recenser les espèces à risque afin d’établir des programmes de protection et de rétablissement des populations.
« La différence majeure entre le fédéral et le provincial, en ce qui concerne la protection de la faune, c’est que le provincial est moins bien organisé, indique Marco Festa-Bianchet, directeur du département de biologie à l’Université de Sherbrooke. En premier lieu, si une espèce n’est pas sur la liste officielle des vulnérables ou des menacées, rien n’est fait pour la protéger. Ensuite, on a sorti de la loi les provisions qui servaient à la protection des habitats, mais le problème central avec une espèce en péril est très souvent la dégradation de son habitat ».
Un chevalier sans armure
Il donne en exemple la situation du chevalier cuivré, un poisson qui existe seulement au Québec. Récemment, il a fallu un arrêté ministériel d’Ottawa pour empêcher la construction d’un port à conteneurs à Contrecœur, en Montérégie, en plein dans l’habitat essentiel du poisson menacé de disparaître de la surface de la planète.
Durant quatre ans, Marco Festa-Bianchet a été le président du Comité sur la situation des espèces péril au Canada (COSEPAC). C’est l’organisme scientifique dont le rôle est de déterminer le statut de protection des espèces sauvages au pays.
Martin-Hugues Saint-Laurent, professeur au département de biologie à l’UQAR, a été le représentant du Québec au COSEPAC pendant 8 ans. Il constate une différence capitale entre les deux paliers de gouvernement dans leur façon de traiter les dossiers d’espèces menacées.
« Le plus préoccupant, c’est le manque de transparence au Québec. La loi fédérale confie l’évaluation à un groupe de scientifiques indépendants du gouvernement. Le COSEPAC fait un rapport de situation et rend publique sa décision sur les plans de rétablissement au ministre de l’Environnement du Canada en même temps qu’elle informe la population. Au Québec, le processus est beaucoup plus obscur et sous contrôle gouvernemental », dénonce-t-il.
Ensuite, expliquent les deux experts, les applications des plans de rétablissement de la faune proposés par les scientifiques sont souvent réduites par le ministère des Forêts, de la Faune et des Parcs. Ce qui a été le cas, indiquent-ils, avec la population de caribous de la Gaspésie, sur le point de disparaître à cause de la dégradation de son habitat naturel.
« Ce ministère a double vocation. D’un côté le socio-économique avec l’industrie forestière, et de l’autre avec la protection de la faune... bien disons que la conservation des espèces est souvent reléguée au second plan », dit M. Saint-Laurent.
CE QU'ILS ONT DIT
« Il y a une loi pour protégerles espèces menacées au Québec,mais elle se heurte au problème des intérêts commerciaux. »
– Marco Festa-Bianchet, directeur du département de biologie à l’Université de Sherbrooke
« En continuant de la sorte,on va se retrouver avec de plus en plus d’espèces qui vont vivoter...avec la pauvreté de l’habitat qu’onleur laisse, ils vont s’éteindre. »
– Martin-Hugues Saint-Laurent, professeur au département de biologie à l’Université du Québec à Rimouski
Nos espèces en danger
Le Québec abrite près de 800 espèces d’animaux vertébrés : des poissons, des mammifères et des oiseaux de toutes sortes. Le 22 juin 1989, la Loi sur les espèces menacées ou vulnérables est entrée en vigueur, dans l’espoir de mieux les protéger. Cette loi désigne les animaux en danger par l’un de ces trois statuts : menacée, vulnérable, ou susceptible d’être menacée ou vulnérable. Plusieurs causes peuvent amener une espèce à obtenir l’un de ces trois statuts, mais la principale est la dégradation de son habitat naturel. Une espèce est considérée comme menacée lorsque sa disparition est appréhendée. En ce moment, on en dénombre 20 sur cette liste rouge. Voici une brève description de chaque vertébré, selon les informations fournies par le ministère des Forêts, de la Faune et des Parcs.
Au Québec, il était présent sur l’ensemble du territoire avant l’arrivée des Européens. Sa raréfaction a été causée par le piégeage et la chasse au 19e siècle, ensuite par la raréfaction du caribou au cours du dernier siècle. Cet animal a besoin d’habitats vastes, sans la présence d’humains, pour vivre. Aucun carcajou n’a été aperçu depuis un bon moment dans la nature sauvage. Il n’existe probablement plus sur le territoire québécois.
Caribou des bois
Rangifer tarandus
Régime : herbivore
Taille : 1,6 à 2,1 m
Poids : 80 à 180 kg
Longévité : 4,5 ans
Habitat : toundra arctique et régions forestières subarctiques
Au Québec, on compte trois types de caribou des bois : forestier, migrateur et montagnard. Ce dernier, présent dans les bois de la Gaspésie, est sur le point de disparaître. Le caribou de la Gaspésie est le dernier vestige des populations qui occupaient autrefois un territoire qui s’étendait des maritimes à la Nouvelle-Angleterre. Lors du dernier inventaire, sa population était d’environ 70. Les perturbations de son habitat forestier sont la cause principale de ce déclin.
Beluga
Delphinapterus leucas
Régime : carnivore
Taille : 4,2 m
Poids : 1400 kg
Longévité : 35 à 50 ans
Habitat : fjords, canaux, baies et eaux peu profondes des mers arctiques
Il y a trois populations de bélugas au Québec : dans l’estuaire du Saint-Laurent, à la baie d’Hudson et à la baie d’Ungava plus au nord. La population du Saint-Laurent est isolée de celles de l’Arctique. Ses nombres ont été réduits par dix depuis 120 ans. Les menaces modernes du béluga sont la pollution des eaux, le bruit des navires, les collisions et l’empêtrement dans les engins de pêche, la diminution de l’abondance de ses proies.
Paruline azurée
Septophaga cerulea
Régime : insectivore
Taille : 11,5 cm
Poids : 8 à 10,5 g
Longévité : 3 à 4 ans
Habitat : forêts de feuillus plus anciens ou matures
Au Québec, cette espèce est observée principalement en Montérégie, en Outaouais et dans la région métropolitaine. Quelques dizaines de couples se reproduisent chaque année dans la province. Le nombre d’emplacements où l’espèce peut nicher est en déclin. Les forêts préférées par les Parulines azurées sont souvent transformées en zones urbanisées ou en milieux agricoles.
Pluvier siffleur
Charadrius melodus
Régime : carnivore
Taille : 18 cm
Poids : 49 g
Longévité : 5 à 14 ans
Habitat : larges plages ouvertes et plates, le sable ayant peu de végétation
Au Québec, cet oiseau ne se reproduit que sur les plages des îles de la Madeleine. Le Pluvier siffleur a connu un important déclin au cours des dernières décennies. Il y a une décennie, on ne comptait qu’une quarantaine de couples nicheurs aux îles de la Madeleine. Les activités de récréation et la circulation sur les plages, combinées au développement d’ensembles résidentiels côtiers, ont réduit sa présence.
Sterne Caspienne
Sterna caspia
Régime : piscivore
Taille : 47 à 54 cm
Poids : 640 g
Longévité : 26 ans
Habitat : plages, marais, estuaires, îles dans les grands plans d’eau
C’est la plus grande et lourde des sternes au monde. Elle a été désignée comme espèce menacée en 2009. Au Québec, la Sterne caspienne s’est reproduite la dernière fois en 1995. Au dernier recensement, on ne comptait qu’une douzaine de nids dans la colonie de l’île à la Brume sur la Basse-Côte-Nord. On manque de don- nées scientifiques sur les effectifs de Sternes caspiennes qui nicheraient en territoire québécois.
Pie-grièche migratrice
Lanius ludovicianus
Régime : carnivore
Taille : 20 à 25 cm
Poids : 46 g
Longévité : 13 ans
Habitat : champs de campagne bordés d’arbres, de broussailles et de bosquets
La nidification de l’espèce a surtout été vue à l’est du Cap-de-la-Madeleine, au nord-est de Montréal et à l’ouest de Hull. À travers les décennies, elle a perdu beaucoup de ses habitats préférés. La conversion d’anciens pâturages en champs servant à la culture céréalière l’a particulièrement affectée. La collision avec des véhicules et l’intoxication aux pesticides ont aussi réduit ses nombres.
Pic à tête rouge
Melanerpes erythrocephalus
Régime : omnivore
Taille : 21 à 25 cm
Poids : 72 g
Longévité : 9 ans
Habitat : lisières et clairières de forêts ouvertes
Il se reproduit à l’occasion dans les régions en bordure du sud du fleuve Saint-Laurent. Sa population est en déclin rapide. Les menaces principales de cette espèce sont la dégradation de son habitat et les modifications à son écosystème, en particulier la perte de bois mort sur pied : c’est là qu’il nidifie, capture des mouches et cache sa nourriture.
Sterne de Dougall
Sterna dougallii
Régime : piscivore
Taille : 33 à 36 cm
Poids : 90 à 140 g
Longévité : 8 ans
Habitat : îles rocheuses côtières, bandes de plages, îles à marais salés.
Au Québec, la Sterne de Dougall ne se reproduit qu’aux îles de la Madeleine. Cela représente la limite nord de l’aire de répartition mondiale de l’espèce. Des déclins importants de sa population en Amérique du Nord ont eu lieu depuis 100 ans. On compte moins d’une demi-douzaine de couples nicheurs au Québec. La pollution des eaux serait un facteur important de nuisance à cette espèce.
Les îles de la Madeleine, c’est le seul endroit où cette espèce nidifie au Québec. Le dérangement causé par la présence humaine et la modification des habitats l’ont beaucoup affectée. La population de Grèbes esclavons a connu une baisse dramatique de- puis les années 1960. En 2005, on a observé que 5 adultes aux îles de la Madeleine.
Râle Jaune
Coturnicops noveboracensis
Régime : carnivore
Taille : 15 à 18 cm
Poids : 50 g
Longévité : 5 à 9 ans
Habitat : marais et autres zones humides à faibles profondeurs d’eau
Il nidifie dans la portion sud du Québec, surtout le long du fleuve Saint-Laurent et le long de la rivière Saguenay. Le Râle jaune a été désigné espèce menacée en octobre 2009. La perte de ses habitats humides, causée par l’endiguement et leur assèchement ou leur remblayage, est la principale menace qui réduit la population de cette espèce chez nous.
Chevalier Cuivré
Moxostoma hubbsi
Régime : carnivore
Taille : 50 à 75 cm
Poids : plus de 5 kg
Longévité : 30 ans
Habitat : herbiers peu profonds riches en gastéropodes.
La répartition mondiale de cette espèce rare est le sud-ouest du Québec. En 1999, le chevalier cuivré était la première espèce faunique à avoir été désignée comme étant menacée par le gouvernement du Québec. L’habitat de cette espèce est dégradé par les activités agricoles, le développement urbain et les activités de plaisance aquatique. Les barrages, les espèces exotiques envahissantes et les pêcheurs sont des menaces supplémentaires.
Lamproie du Nord
Ichthyomyzon fossor
Régime : omnivore
Taille : 16 cm
Poids : 2,2 g
Longévité : 6 ans
Habitat : les ruisseaux et les rivières à fond graveleux ou sablonneux.
Ce poisson existe seulement en Amérique du Nord. On le retrouve au Québec dans une dizaine de rivières au sud du territoire et dans le fleuve Saint-Laurent. Sa menace principale : la pollution de l’eau venant de l’activité agricole qui cause une dégradation de son habitat. L’accumulation de sédiments dans son milieu et la baisse des niveaux d’eau affectent sa reproduction.
Dard de sable
Ammocrypta pellucida
Régime : carnivore
Taille : 4 à 7 cm
Poids : 1,4 g
Longévité : 2 à 4 ans
Habitat : les fonds de sable des cours d’eau et des rivières, les hauts-fonds sablonneux des lacs.
Cette espèce n’est présente que dans l’est de l’Amérique du Nord. Elle se situe au sud du Québec, mais l’état de ses populations est mal connu. En 2009, le dard de sable a été désigné comme espèce menacée par le gouvernement du Québec. Ce poisson est surtout affecté par la pollution des eaux et la dégradation de son habitat par l’activité humaine.
Tortue musquée
Sternotherus odoratus
Régime : omnivore
Taille : 5,1 à 11,5 cm
Poids : 318 g
Longévité : 50 ans
Habitat : les ruisseaux peu profonds, les étangs, les rivières, les lacs d’eau claire.
Au Québec, on la retrouve au sud, surtout dans la région de l’Outaouais. Le taux de mortalité des adultes a été élevé par l’augmentation du trafic de bateaux à moteur et de la pêche. La destruction de son habitat est la menace la plus importante à sa popu- lation. Elle est causée surtout par le développement du littoral, le drainage des terres humides et la pollution.
Tortue mouchetée
Emydoidea blandingii
Régime : omnivore
Taille : 24 cm
Poids : 1,4 kg
Longévité : 70 ans
Habitat : milieux humides peu profonds où la végétation aquatique est abondante.
On la retrouve au Québec surtout dans la région de l’Outaouais, dans l’extrême sud-ouest de la province et sur l’île de Montréal. L’assèchement des étangs et des marais pour le développement industriel, agricole ou immobilier cause une disparition des sites disponibles à l’espèce. La fragmentation de son habitat par la construction de routes menace également l’existence de cette tortue sur le territoire québécois.
Tortue Luth
Dermochelys coriacea
Régime : carnivore
Taille : 130 à 183 cm
Poids : 300 à 500 kg
Longévité : 16 à 29 ans
Habitat : les océans tropicaux, tem- pérés et subarctiques.
C’est la plus grande tortue au monde. Elle fréquente les côtes dans le golfe du Saint-Laurent. Plusieurs facteurs affectent ses nombres à travers le monde : la consommation de sacs en plastique qu’elle méprend pour des proies et les prises accidentelles dans les filets de pêche. La perte de site de nidification par le développement commercial et la pollution des rives sont d’autres menaces importantes.
Tortue-molle à épines
Apalone spinifera
Régime : carnivore
Taille : 22 à 54 cm
Poids : 130 g à 11 kg
Longévité : 50 ans
Habitat : les grandes rivières ou les lacs à fond meuble, les bancs de sable ou les rivages sablonneux.
Au Canada, elle n’est présente qu’à quelques endroits du Québec et de l’Ontario. Au Québec, on la retrouve au sud de la province dans le lac Champlain et dans la rivière aux Bro- chets. Cette tortue est surtout menacée par la pollution et la modification des berges. Les pêcheurs vont l’attraper ac- cidentellement. Elle peut être happée par des embarcations motorisées.
Salamandre sombre des montagnes
Desmognathus ochrophaeus
Régime : carnivore
Taille : 7 à 10 cm
Poids : 0,6 g
Longévité : 5 ans
Habitat : sol humide sous les arbres feuillus
C’est la plus rare des 10 espèces de salamandres présentes au Québec. On la retrouve surtout au sud-ouest, en Montérégie. Les barrières physiques comme les routes et les champs cultivés nuiraient à ses déplacements. Les activités humaines abaissent la qualité et l’abondance des réserves d’eau souterraine et de surface vitales à sa survie. Le développement agricole ou urbain endommage et détruit son habitat.
Les espèces vulnérables
En plus des 20 espèces fauniques désignées comme menacées, on en compte 18 qui sont reconnues comme étant vulnérables au Québec. Cela signifie que la survie de l’espèce, de la sous-espèce ou de la population est considérée comme étant précaire, mais qu’on ne s’inquiète pas pour sa disparition à court ou à moyen terme. À ce jour, le Québec compte aussi 115 espèces dans la catégorie des espèces--- fauniques susceptibles d’être désignées comme « menacées ou vulnérables ». Des travaux de recherche sont effectués sur chacune de ces espèces par des spécialistes. Un rapport de recommandations pour la protection et le rétablissement des populations est soumis au ministère des Forêts, de la Faune et des Parcs, qui décide ensuite de la marche à suivre.
POISSONS
Alose savoureuse (Alosa sapidissima )
Chevalier de rivière (Moxostoma carinatum )
Éperlan arc-en-ciel, population du sud de l’estuaire du Saint-Laurent (Osmerus mordax )
Fouille-roche gris (Percina copelandi )
Méné d’herbe (Notropis bifrenatus )
AMPHIBIENS
Photo d'archives
Rainette faux-grillon de l’Ouest (Pseudacris triseriata )
Salamandre pourpre (Gyrinophilus porphyriticus )
TORTUES
Photo Adobe Stock
Tortue des bois (Glyptemys insculpta )
Tortue géographique (Graptemys geographica )
OISEAUX
Photo Adobe Stock
Aigle royal (Aquila chrysaetos )
Arlequin plongeur (Histrionicus histrionicus )
Faucon pèlerin anatum (Falco peregrinus anatum )
Garrot d’Islande (Bucephala islandica )
Grive de Bicknell (Catharus bicknelli )
Petit blongios (Ixobrychus exilis )
Pygargue à tête blanche (Haliaeetus leucocephalus )
MAMMIFÈRES
Caribou des bois, écotype forestier (Rangifer tarandus )
Photo Adobe Stock
Ours blanc (Ursus maritimus )
Les baromètres de la santé des écosystèmes
Selon des biologistes, les espèces fauniques menacées, comme le caribou de la Gaspésie ou la rainette faux-grillon, sont des « canaris dans la mine » : elles sont des baromètres de la santé de leur écosystème. Les laisser disparaître de leur habitat naturel signalerait notre incapacité à conserver les mécanismes naturels qui nous gardent en santé à long terme, s’inquiètent-ils.
« Au Québec, le caribou forestier est l’animal emblématique des efforts pour limiter la disparition d’espèces et maintenir nos écosystèmes en santé », dit Daniel Fortin, professeur au département de biologie à l’Université Laval.
Sa spécialité, depuis 2004, est de voir dans quelle mesure il est possible de couper la forêt québécoise tout en maintenant les populations de caribous. Le constat est simple : le niveau d’exploitation forestière est trop élevé pour ce que les populations de caribous peuvent soutenir.
Placer les dizaines d’individus restants dans des réserves, comme c’est l’intention avec les populations de Val-d’Or et de la Gaspésie, témoigne de notre échec à protéger l’habitat du caribou de la destruction.
« Le caribou est une espèce que l’on appelle parapluie : on peut l’imaginer se promener tout au long de l’année sur son domaine vital de 2000 km2. Protéger son territoire, c’est aussi protéger la biodiversité de la faune et de la flore qui s’y trouvent en même temps », souligne-t-il.
Éviter les fausses solutions
En 2016, Ottawa a adopté un décret d’urgence pour protéger la rainette faux-grillon du développement résidentiel sur des terres privées en Montérégie. Le petit amphibien a un statut d’espèce menacée au fédéral.
Marc J. Mazerolle, professeur au département des sciences du bois et de la forêt à l’Université Laval, est un spécialiste de la conservation des amphibiens et des tortues, des espèces très sensibles à la dégradation de leur habitat.
« Ces espèces ont évolué durant des millions d’années pour s’adapter à des milieux humides temporaires et dynamiques. Si leur nombre tombe rapidement ou si elles subissent une hausse de maladies et de difformités, c’est que leur milieu est affecté par des problèmes comme des substances toxiques ou le drainage produits par l’activité humaine », indique-t-il.