Egaré dans la course à la palme, le vrai-faux biopic de Katherine Parr, ultime épouse du féminicidaire Henri VIII, ne prend jamais de risques, bien confort dans ses pantoufles de film d’époque convenu.
Dur dur d’être la sixième et dernière concubine d’Henri VIII. Le souverain britannique a perdu une femme en couches, en a répudié une paire et a fait décapiter les deux dernières. C’est en sachant tout cela que Catherine Parr devient reine, en 1543.
L’actrice suédoise Alicia Vikander enfile la coiffe et la collerette dans ce drame en costumes britannique présenté en compétition. Presque un genre en soi, indécrottablement shakespearien, et là réside le problème.
Le réalisateur Karim Aïnouz (de nationalité brésilienne) ne dévie jamais des prérequis de la péloche d’époque – sorte de Game of Thrones sans les dragons : photo froide et conspirateurs à l’oeil torve – où Parr tente de mener sa barque progressiste (elle veut rendre la Bible accessible à tous, en anglais, soutient l’éducation des femmes) à la barbe de son ogre de mari (un Jude Law savoureusement massif et cabotin, les jambes engoncées dans des prothèses mimant une infection aux jambes).
Comme l’impression d’avoir déjà vu mille fois ce film
Le duel – à distance puis frontal – entre Catherine, fausse fragile, et le roi réserve quelques dialogues tendus, mais on s’ennuie poliment devant un film qui voudrait être féministe mais s’avère incapable de réfléchir en conséquence son registre d’image. La preuve : Firebrand (le titre original) s’oblige à justifier son propos, avec un bandeau introductif brocardant l’histoire dont on ne retiendrait « que les hommes qui font la guerre ». Oui, d’accord, difficile de se planter avec un tel lieu commun, mais à quoi bon en faire le pavillon de tout un film ? Comme l’impression d’avoir déjà vu mille fois ce film ( Mary Queen of Scots, The Outlaw King, Le Roi…). Et de l’avoir déjà oublié.
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