God save the queensUn brelan de reines pour incarner Elizabeth II dans « The Crown »

« The Crown » : Un brelan de reines pour incarner les différents visages d’Elizabeth II

God save the queensClaire Foy, Olivia Colman et Imelda Staunton ont successivement interprété le rôle de la reine Elizabeth II dans la série « The Crown ». Netflix met en ligne, ce jeudi, les premiers épisodes de l’ultime saison
Claire Foy, Olivia Colman et Imelda Staunton (de gauche à droite) ont incarné la reine Elizabeth II au fil des saisons de « The Crown » sur Netflix.
Claire Foy, Olivia Colman et Imelda Staunton (de gauche à droite) ont incarné la reine Elizabeth II au fil des saisons de « The Crown » sur Netflix.  - Des Willie/Alex Bailey/Netflix  / Netflix
Laure Beaudonnet, Benjamin Chapon et Clio Weickert

Laure Beaudonnet, Benjamin Chapon et Clio Weickert

L'essentiel

  • Ce jeudi, Netflix met en ligne les premiers épisodes de l’ultime saison de The Crown, la série historique qui retrace le règne d’Elizabeth II.
  • Au fil des saisons, trois actrices ont successivement interprété le rôle de la reine d’Angleterre : Claire Foy, Olivia Colman et Imelda Staunton.
  • Toutes ont dévoilé des facettes différentes de la vie mais aussi de la personnalité de la souveraine et nous l’ont fait aimée (ou au contraire).

Il est temps de faire nos adieux à la reine. Ce jeudi, Netflix met en ligne les premiers épisodes de l’ultime saison de The Crown, la série qui retrace le règne d’Elizabeth II. Ce tout dernier chapitre s’ouvre sur la disparition tragique de Lady Di et devrait se clore au milieu des années 2000. « Alors qu’elle s’apprête à célébrer son jubilé d’or, la reine réfléchit à l’avenir de la monarchie face au mariage à venir de Charles et Camilla et à la romance royale de William et Kate », décrit Netflix dans son synopsis.

Depuis la 5e saison, c’est Imelda Staunton qui incarne la souveraine et le marasme qu’elle traverse durant les années 1990. Avant elle, deux autres actrices ont interprété le rôle d’Elisabeth II : Claire Foy pour les débuts de son règne puis Olivia Colman à l’ère Thatcher. Vulnérabilité, rudesse, diplomatie… Chaque actrice a dévoilé des facettes différentes de la vie et de la personnalité de la reine d’Angleterre. Le service culture de 20 Minutes se penche sur ce que chacune nous a fait aimer de la reine (ou sortir par les trous de nez).

Couronnement et bouleversement : Claire Foy et le romantisme

Claire Foy prête son visage aux deux premières saisons de la série. A travers elle, le public découvre une facette insoupçonnée de l’héritière du trône anglais, celle d’une jeune princesse romantique et profondément humaine. Réservée, dévouée et surtout follement amoureuse de Philip, qu’elle a réussi à imposer comme son futur époux, elle se prépare au sacrifice de sa vie : l’accession au trône. Au poids du titre d’Altesse Royale s’ajoute celui de sa famille qui peut rapidement devenir un fardeau. La couronne contraint Elizabeth II à s’effacer derrière ses fonctions officielles, quitte à oublier sa part d’humanité et à gommer son rôle d’épouse, de sœur et de mère.

Claire Foy incarne une époque charnière fascinante de l’histoire de la famille royale britannique : le début d’un règne qui durera soixante-dix ans. Dans les pas d’Elizabeth, le spectateur pénètre la prison dorée du château de Windsor et prend conscience de l’extrême rigidité de ses règles. Rappelons qu’à l’origine, ni elle, ni le roi George VI, n’auraient dû accéder au trône. Après un an de règne, Edouard VIII, l’aîné de son père, renonça à la couronne en choisissant d’épouser une mondaine américaine deux fois divorcée, se délestant par la même occasion de ses responsabilités. A travers ces deux brillantes saisons, la princesse Elizabeth apprend à ses dépens qu’en portant la couronne, elle ne s’appartiendra plus jamais. L’émotion et la vulnérabilité de la reine n’apparaîtront plus de façon aussi évidente.

Froideur et déconnexion : les années Thatcher et Olivia Colman

A la toute fin de la saison 2, on quitte une reine d’Angleterre bancale sur le plan sentimental (elle tente de digérer les rumeurs sur les infidélités de Philip depuis plusieurs années) et enceinte de son 4e enfant, Edward. On la retrouve quelques mois plus tard au tout début de la saison 3, mais avec un changement de taille : Olivia Colman reprend le flambeau de Claire Foy. Fini la jeune monarque réservée et fragile, The Crown dépeint alors une souveraine impassible et distante, qui souffre intimement de son impopularité face à sa sœur cadette adorée et complètement barrée.

Glaciale, Olivia Colman insuffle une telle froideur à son personnage que l’on devient vite nostalgique de la jeune Elizabeth, assaillie de doutes et beaucoup plus humaine du début de la série. Le 3e épisode de la saison cristallise particulièrement ce sentiment. Il est intitulé Aberfan, du nom de cette ville au Pays de Galles où l’effondrement d’un terril en 1966 a fait 144 victimes, dont 116 enfants. Un drame qui a ému tout un pays, sa classe politique et les membres de la famille royale… A l’exception d’Elizabeth, du moins en apparence. Insensibilité ? Pudeur ? Difficile de sonder ce visage imperturbable d’une reine qui s’éloigne peu à peu de son peuple en cette deuxième moitié du XXe siècle. A noter également le jeu de miroirs fascinant qui s’installe entre elle et la Première ministre Margaret Thatcher, incarnée par Gillian Anderson, lors de la saison 4.

Le tableau n’est pas plus réjouissant au sein même de la famille royale. Olivia Colman incarne une reine complètement à côté de ses pompes, notamment dans sa relation avec ses enfants. On retient cet épisode lunaire (Les favoris) où la reine organise des rendez-vous individuels avec sa fille et ses trois fils afin de comprendre quel enfant elle préfère. Au fil de ces deux saisons portées par Olivia Colman, la série brosse le portrait d’une reine de plus en plus isolée, figée dans son petit monde étroit et déconnecté de la réalité.

Sagesse et aveuglement : Diana et Imelda Staunton

Sans nier le talent immense de Claire Foy et Olivia Coleman, il faut admettre que les deux premières interprètes d’Elizabeth II ont eu la tâche facile. La jeune ingénue qui découvre sa fonction, puis la reine expérimentée mais blessée, ok, on a compris… Troisième et dernière interprète de la reine, Imelda Staunton avait face à elle un rôle autrement plus ingrat et difficile à incarner. L’Elizabeth des années Diana, celle de l’annus horribilis, des fades années John Major. Bref les années où la famille royale britannique suscitait, au mieux, un désintérêt poli, au pire une franche haine.

Loin de laisser toute la gloire et la lumière au personnage d’une Diana au bord du gouffre, Imelda Staunton interprète une reine au comble de l’aveuglement quand il s’agit de comprendre ce qu’il se passe dans son pays ou sa famille, et parfaitement apaisée vis-à-vis de son rôle institutionnel. C’est moins sexy que la jeune reine aux abois ou la quadra en crise, mais c’est bouleversant à observer.

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