Oh Mère – La Reine Blanche

Oh Mère à La Reine Blanche : Asja Najdar explore la forme de la farce grotesque pour l’histoire de quatre exclus de l’humanité qui se retrouvent. Un parti pris intéressant qu’on appréciera sans forcément y revenir trop souvent.

Sur la scène, un grand lit à baldaquin. Un canapé et une banquette. Une tablette et deux tabourets. Tout est blanc. Dans le noir de la salle, des borborygmes. L’appel d’un chien, peut-être. Dolly ? Dolly ? Un garçon, une fille. Grands, maigres, blafards. Un même nez de Cyrano. Elle a le genou entaillé, il a les mains couvertes de sang. On comprend qu’il vient de tuer leurs parents. L’instant d’après, une femme est couchée dans le lit, elle gémit. Oh… Ahh…

Un énorme ventre, elle refuse d’accoucher, au point de faire remonter l’enfant qui pousse. Elle a une fille, réduite à la servir, qu’elle prive de tout. Bientôt les deux loustics aux yeux torves arrivent, eux seront nourris.

Au delà de l’histoire, Oh Mère est l’exploration d’une forme. Une pantomime ponctuée de borborygmes, qui ne mégote pas sur l’exagération. On suit l’action, on la comprend. Les quelques rires du public dans les premières minutes cessent rapidement. C’est une farce grotesque, ce n’est pas du gros rire, et l’histoire de ces quatre personnages, chacun abstrait de l’humanité à sa façon, n’est pas un vaudeville.

Asja Nadjar a pris un parti pris et réglé un ballet que la distribution suit au cordeau. Elle pratique un théâtre de l’excès, sans jamais tomber dans le piège d’une guignolerie qui les guette à chaque instant. Dans un décor d’une qualité soignée, une scénographie aux détails travaillés (comment diable obtient-on le velours du nappage ?), en osant quelques scènes gore qui apportent un peu de couleurs.

C’est un peu comme un repas surchargé en crème fouettée. Si c’est bien fait, on apprécie, tout en se disant qu’une fois de temps en temps, c’est bien, plus… ça serait trop.

Là, j’ai apprécié.

Au Théâtre de la Reine Blanche jusqu’au 10/12/23
Jeudi, vendredi : 19h00; samedi : 18h00; dimanche : 16h00
Durée : 1h00

Texte : Asja Nadjar
Avec : Antoine Amblard, Claire-Marie Daveau, Alicia Devidal, Maïa Foucault
Mise en scène : Asja Nadjar

Visuel : i.el Faris

Cette chronique a été publiée pour la première fois sur www.jenaiquunevie.com

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